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Touxi Brown

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Touxi Brown
16 juin 2016

Une Ville Moderne

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24 janvier 2015

Les croqueurs de nuages

A venir, cette nouvelle sur une traversée de l'atlantique en bateau... vollant :

 

Les croqueurs de nuages

24 novembre 1710

Le bois du pont craque, les huniers claquent sur les mâts, les mouettes réclament de leurs cris stridents à manger, le vent gronde dans les voiles, le rire gras des hommes remonte des cales... Ce concert joyeusement bordélique ne sera bientôt plus qu'un bruit de fond pour mes oreilles. L'odeur iodée caractéristique de ces lieux se mélange à celle de la cuisine épicée de notre maître coq et à celle des poissons pourris qui sont restés coincés dans la coque. Les embruns soufflés par le vent viennent me mordiller les joues, ma vareuse humide se colle à ma peau… Toutes ces sensations nouvelles viennent flatter mes sens, je crois que je commence enfin à apprécier ce voyage !

Trois jours que nous avons décollé du port marchand de Nantes, nous ne voyons désormais rien à perte de vue, hormis ces nuances de bleus intenses et le blanc gris de ses nuages que nous avons enfin dépassés. De loin, ces derniers ne me paraissent finalement pas si terribles, et pourtant, ils me laissent un goût âpre et acide dans la bouche. Mon estomac fut mis à rude épreuve comme un test pour assurer le bien-fondé de ma présence sur ce bateau. Mon corps a eu bien du mal à s'habituer à ce roulement constant accentué par la tempête qui ne nous avait pas quittés depuis le départ.

Heureusement le bosco ne m’en a pas tenu rigueur : "une journée de plus et on te jetait par-dessus bord." Il plaisantait bien sûr... Enfin je crois.

...

30 mai 2014

L’apocalypse selon Michel

L’apocalypse selon Michel

Nouvelle sélectionnée avec 9 autres textes dans le concours de Pandora 2012 "Anges ou démons" et éditée

 Azraël traversa la rue de Strasbourg d'un pas joyeux, ignorant la consigne du petit bonhomme rouge et par là-même les klaxons des voitures irritées par son passage en force. Son humeur habituellement irascible était aujourd'hui paisible. "Qu'ils klaxonnent si ça les déstresse". L’heure n’était pas à l’expiation puisqu’il était en vacances.

Depuis quelques temps, il aimait bien venir à Nantes : sa sauce au beurre blanc, sa cathédrale, ses bars festifs, la naïveté de ses habitants qui profitaient naturellement de ce cadre de vie agréable sans s’apercevoir que le monde autour s'écroulait tel un château de carte. Qui aurait pu les blâmer ? Le patron n'a-t-il pas fait dire à son fils "heureux sont les innocents". Ce qu'il préférait par-dessus tout c'était le vin blanc sec de cette région : le Muscadet. Ce vin parfois trop nerveux, à la saveur âpre et solide, lui ressemblait beaucoup. Il ne faisait pas l'unanimité, mais il était indissociable de certains mets : rien d'autre ne pouvait ravir les papilles en présence d'une huître fraîche par exemple.

Il hâta le pas car il n'était pas en avance. Et même si le rendez-vous n'était pas d'ordre professionnel, il connaissait la rigidité de Michel sur la ponctualité. La visite du vieux quartier Bouffay  et le cours d’œnologie attendraient donc une heure ou deux. Pour l’heure il devait trouver un bar nommé L’Art-Scène situé à côté des Galeries LaFayette. Quelle drôle d’idée de la part de Michel de programmer une rencontre informelle dans un bar, lui qui était habituellement si solennel. On aurait presque pu croire qu’il ne souhaitait pas que cette entrevue ne parvienne aux oreilles du Chef.

Il pénétra dans ce petit bar exigu, commanda un café allongé avec un nuage de lait, puis se dirigea vers la salle qu’on devinait au fond de la pièce. Un petit homme dégarni était assis devant un verre qui semblait être rempli aux deux tiers de whisky.

« Michel ? Je te laisse il y a tout juste deux cents ans, robuste comme un guerrier spartiate, et je te retrouve en vieil alcoolique tout rabougri. Si je ne te connaissais pas si bien, je croirais que tu as sorti ta tenue de camouflage. »

« On peut dire ça comme ça. Tu es en retard ! »

« Oui, oui. Enfin je te rappelle que je suis en vacances. »

« Je croyais que tu étais au chômage. »

« C’est vrai. Mais si on devait être précis, j’associerais plutôt le terme « déchu » à un licenciement abusif. »

« On va jouer sur les mots jusqu’à la fin de la journée ou tu t’assois et on discute sérieusement ? »

« Sérieusement… Ça ne me plait pas du tout, ça. Je croyais que tu venais juste taper la causette avec un vieux pote ? »

« Ancien collègue de boulot, tu veux dire ! »

« Là, c’est toi qui recommences. »

« Oui, bon d’accord. »

« Alors pourquoi est-ce que tu voulais me voir ? »

« Nous venons de terminer la réunion bi-séculaire avec toute la hiérarchie céleste, et les résultats ne sont pas bons du tout. Le chiffre d’affaires n’a cessé de dégringoler depuis les 50 dernières années. »

« Oui ben, c’est pas une surprise ça. »

« Sauf que le chef est comme à chaque réunion tombé des nues en apprenant le bordel qui se passait ici-bas. Il a piqué sa colère et il veut qu’on rempile, toi y compris, pour jouer une nouvelle fois les nettoyeurs.»

« Comme tous les deux ou trois mille ans. C’est normal qu’il rappelle à l’ordre ces ouailles. Ça a l’air de t’étonner ? »

« Oui parce que cette fois ci, il a vraiment parlé de rupture ! Là, il veut marquer le coup, tu comprends ?  Rien à voir avec Sodome et Gomorrhe. »

« En quoi ça te tracasse ? Je croyais que tu t’en foutais d’eux ? »

« Oui… Enfin non. Nom de lui ! Après tout ce temps, je commence à m’attacher à sa création. »

« Enfin, je te rappelle que c’est ce que tu disais des Namnètes, et finalement, tu les as bien laissées tomber. »

« Peut-être, mais je te rappelle à mon tour que tu n’y es pas allé de main morte dans l’histoire : les Romains, les Francs, les Vikings, les Bretons, les Vendéens ! Tu t’en es donné à cœur joie dans les gros adversaires que tu leur envoyais. »

« Ah oui… C’était le bon temps. Ma bataille préférée, c’est celle de Ballon en 846 après le fiston, au moment de la signature de la marche de Bretagne. Tu te souviens comment je t’ai mis la pâté avec ton petit Charles le chauve ? » 

« Oui enfin Nominoë n’a pas tenu bien longtemps, il m’a suffi de lui envoyer un cheval piégé et s’en était fini de ce prince de mes deux. »

« Pas très catholique ta technique. Mais bon, il n’empêche que j’ai mené le jeu pendant presque 500 ans. C’est seulement à la fin du XVème siècle que Nantes a été rattaché à la France avec ton mariage arrangé entre Anne de Bretagne et Charles VIII… »

« … Mariage qui a entraîné une période relativement longue de paix, à ton grand damne, n’est-ce pas monsieur l’ange de la mort ? »

« Ben oui, à l’époque la vie céleste m’ennuyait ferme. J’ai toujours préféré jouer à la guerre plutôt que de me faire construire des temples sur des cailloux comme certains... A l’inverse toi, question stratégie militaire, t’étais au top. C’est dommage pour cette jolie ville et ses habitants. »

« Oui enfin je ne suis pas leur ange gardien non plus. J’ai juste filé un petit coup de main à Saint Claire quand tu lui en faisais voir de toutes les couleurs. »

« Et quand ça tournait au vinaigre tu te défilais. Bravo les copains. »

« Mais arrêtes de parler de copains quand il s’agit de travail. Et puis je ne suis pas venu pour parler de notre passé militaire. »

« Excuses moi, je digresse facilement. Alors, je suis dans quelle équipe cette fois ? »

« C’est ce qui m’inquiète. Y a pas d’équipe cette fois ci, on est tous contre eux. Je sens que ça va être un vrai carnage, une boucherie à l’échelle olympique. »

« Quoi ? »

« C’est ce que je disais tout à l’heure, il veut tout détruire. Il a repris à son compte la prophétie des aztèques qui annonce la fin des temps pour l’année prochaine. »

« Oui, il en parle tout le temps de son jugement dernier, mais il n’agit jamais. Tu connais l’équation : s’il détruit ses fidèles, il n’y aura plus personne pour croire en lui, du coup il n’existera plus et ce sera la fin des temps. »

« Sauf qu’à la vitesse où vont les choses, dans 100 ans, la croyance au patron aura disparu d’elle-même, et donc lui avec. Du coup il préfère partir dans un baroude d’honneur en entraînant sa création dans sa chute. Il n’y a pas plus dangereux qu’un vieux sanglier blessé. »

« Et on ne peut rien faire ? Je sais pas moi, envoyer un messie pour leur redonner foi en lui ? »

« Ca ne servirait à rien, ils ne croient presque plus en lui, ni d’ailleurs en quoique ce soit de  spirituel. Maintenant leurs religions ce sont les nouvelles technologies. Avec internet, ils sont eux-mêmes devenus les dieux de leurs propres univers. Tu imagines si on leur envoi un illuminé qui leur parle d’amour et de compassion, ils vont l’interner plutôt que de l’écouter. C’est pas un messie qu’il leur faut, mais un spam ou une télé réalité biblique. »

« Ça semble inéluctable cette histoire. Regardons le bon côté des choses : j’ai à nouveau un job ! »

« Oui, sauf que je pense que c’est notre dernier job. »

« Comme les voix du patron sont toujours impénétrables, qu’il en soit ainsi, amen. Si ça ne te dérange pas, je vais aller profiter de cette ville en attendant la dernière bataille. »

« C’est ça, vas t’amuser. Tu n’as jamais vraiment aimé la création de toute façon, monsieur l’ange de la mort. »

« Arrêtes avec ce surnom à la con ! J’ai changé depuis le livre d’Hénoch, tu sais. »

« Il n’empêche que tu seras bien le dernier survivant de la fin des temps, alors j’imagine que ça permet de relativiser pas mal les choses, non ? »

« Ouais peut-être. Mais si je ne suis pas très attaché à la vie humaine, je le suis au fruit de leur ingéniosité, à leurs créations : regardes cette ville par exemple. J’y tiens, et rien que pour conserver ce petit lopin d’éden terrestre, je suis prêt à me battre même contre le patron. Je l’ai déjà fait rappelles toi. Ça m’a coûté mon taf, mais je ne regrette rien.»

« Ça c’est le genre de raisonnement qui me plait. Et bien j’ai quelque chose à te proposer. Mais je dois être sûr que tu nous suivras ?»

« Nous qui ?»

« Avec quelques collègues haut-gradés, et je te parle même des plus hautes fonctions de la hiérarchie céleste, on prévoit… Mais avant, je voudrais que tu jures devant cette ville, puisque tu y tiens tant, que tu nous suivras jusqu’au bout. »

« Je le jure sur Naoned la belle. Allez vas-y accouches. C’est quoi ton idée ? »

« On prévoit de faire grève !»

« Un genre de mutinerie légale, c’est ça ? C’est pas très cavalier, mais ça peut foutre un beau bordel… Donc ça me plait. »

« Alors on est d’accord le moment venu, tu te joindras à nous ?

« Ouaip »

« Gabriel a déjà rédigé le préavis, il ne nous reste plus qu’une quinzaine de signatures et on sera dans le cadre légal de refuser la divine volonté du patron. »

« Ok. En attendant, profites de la vie terrestre, ça te fera du bien. Vas faire un tour sur les Quais de la Fosse par exemple. Allez à la revoyure Michel ! »

« Salut Azraël. »

30 mai 2014

Une ville Moderne - Nouvelles fantaisistes de Nantes et d'ailleurs

Sommaire

 

1/ Egalité : Il était environ 6h43 du matin lorsque Gaétan disparu à l'arrêt Egalité de la ligne 1 sans que personne ne s’aperçoive de rien. Il partait travailler tous les matins depuis huit ans en prenant le tram de 6h44 sans jamais avoir été une seule fois en retard, ce qui était un exploit car les transports en commun, c'est bien connu, sont régulièrement sujet à des variations temporelles de type retard ou grève. Enfin, ce matin-là, le métronome semblait déréglé, car la musicalité de son existence enchaînait les fausses notes…

 Texte sur un tram fantôme

 

2/ L’apocalypse selon Michel  (Nouvelle sélectionnée avec 9 autres textes dans le concours de Pandora 2012 "Anges ou démons" et éditée) : Azraël traversa la rue de Strasbourg d'un pas joyeux, ignorant la consigne du petit bonhomme rouge et par là-même les klaxons des voitures irritées par son passage en force. Son humeur habituellement irascible était aujourd'hui paisible. "Qu'ils klaxonnent si ça les déstresse". L’heure n’était pas à l’expiation puisqu’il était en vacances. Depuis quelques temps, il aimait bien venir à Nantes : sa sauce au beurre blanc, sa cathédrale, ses bars festifs, la naïveté de ses habitants qui profitaient naturellement de ce cadre de vie agréable sans s’apercevoir que le monde autour s'écroulait tel un château de carte…

 Texte sur une discussion entre deux anges

 

3/ Une ville Moderne : Il referma son carnet, le glissa dans sa poche de veston, puis recoiffa les boucles brunes qui ornaient son large front. Il observa à nouveau autour de lui la ville qui palpitait. Il avait passé toute la matinée à prendre des notes, s’émerveillant de tout ce qui s’offrait à ses yeux, de la moindre affiche vantant les mérites d’un parfum à cette bicyclette pliable qu’un usagé avait en 30 secondes rangée dans un sac. Chaque détail de cette ville moderne était pour lui une source de curiosité : ce tramway par exemple avait particulièrement retenu son attention…

 Texte sur une rencontre assez improbable

 

4/ Un constat à l’amiable : Bonjour, ça fait une éternité que je dévore tout ce qui touche de près ou de loin au fantastique ou à la science-fiction, et même si je pense sincèrement que ce genre littéraire et cinématographique a un intérêt et un impact sur notre société, de part ne serait-ce que son effet distrayant sur les gens, je ne suis pas de ceux qui croit aux vampires, aux extraterrestres, aux lutins ou aux conseillers financiers. J’en connais qui tout juste égratignés par les griffes d’un chat de gouttière au poil à peine trop hirsute, se voient devenir loup garou jusqu’à ce que la pleine lune ne les soulage de leurs craintes de lycanthropie précoce. Mais moi, je ne suis pas de ceux-là, vous imaginerez donc ma stupeur quand je vous aurai raconté mon histoire…

 Texte sur une rencontre du 3ème type plutôt comique

 

5/ 44 = BZH ? : Cette égalité, vous avez tous pu l’apercevoir en pays ligérien et surtout à Nantes. Elle fait la polémique entre Bretons et Nantais, voire mêmes parfois entre Nantais depuis des dizaines d’années. Mais quelqu’un s’est-il demandé ce que signifiait cette équation ? L’égalité Loire atlantique = Breizh a-t-elle déjà été prouvée ? Les indépendantistes, me direz-vous, pourront l’affirmer à grand renfort de récits historiques. En effet depuis l’an 416 après JC, année de la chute de l’empire romain d’occident, la cité de Nantes est passée moult fois sous l’étendard breton via des guerres sanglantes, de sombres ententes militaires ou des alliances géopolitiquement réfléchies…

ð Texte sur une approche pataphysique de l’équation 44=BZH

 

6/ 22 Décembre 2012 : La lumière du crépuscule perçait les nuages, effleurant les bâtiments qui décrivaient en pointillé les restes d’une ancienne cité. Le contraste entre la beauté du tableau et l’image terrible de cette ville détruite avait quelque chose à la fois d’effrayant et de subjuguant. Une crevasse traversait ces ruines et une jungle de ronces partait du petit ruisseau qui avait élu domicile en son centre pour enlacer les restes des bâtiments alentours. Comme les tentacules d’une pieuvre géante, il semblait que cet animal végétal était mu par une volonté propre, celle d’effondrer les vestiges de l’ancien monde…

 Texte sur une histoire post apocalyptique

 

7/ Alcooliques anonymes : Bon sang, mais qu’est-ce que je fous là. Je ne suis pas comme tous ces pauvres types. Je sais que je ne suis pas alcoolique, je suis juste un peu déprimée en ce moment. C’est normal, tout le monde est déprimé en hiver. J’aurais jamais dû accepter de venir ici…

 Texte sur une histoire de vampire en désintox

 

8/ Une Mamie bien vénère : La vieille femme était toute petite, rabougrie, presque aussi desséchée qu’une tomate confite. Elle paraissait minuscule dans son grand fauteuil électrique. Ses lèvres étaient vissées  sur son visage dans une expression bloquée entre le sourire et la grimace. Avec son teint grisâtre, ses rides abyssales et sa mine burinée par les âges, elle semblait avoir plus d'un siècle. Et pourtant, elle avait un regard pétillant qui lui donnait un petit air malicieux. Derrière son fauteuil, une laisse en cuire traînait un chat qui semblait encore plus vieux que sa maîtresse. Le poile dru et grisâtre, une oreille tordue et l'œil fatigué, il la suivait en boitillant légèrement, la queue entre les jambes et la tête fixant le sol…

 Texte sur un combat entre une mamie et la petite géante de la compagnie Royale Deluxe

 

9/ Tout est bon dans le dragon : Sa toge blanche entre les mains et sa sacoche en bandoulière, il sautait comme un lièvre au-dessus des hautes herbes. Quelle idée il avait eu, pour une fois, de suivre les instructions de son vieux maître : "Vas à deux cents foulées au-delà de ceste ville que le conseil appelait jadis Brandus, et rapportes moi deux pipes de ceste plante mortelle d'ostrange pays du sud". Il avait trouvé du premier coup, au seuil de cette grotte : tout un parterre d'hellébores fétides. Il n'avait qu'à se pencher et cueillir précautionneusement les pétales de la plante vénéneuse…

Texte qui explique l’apprentissage druidique

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